Chasuble de David de Bourgogne
Cet ornement somptueux, provenant vraisemblablement de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert, a appartenu à l’évêque d’Utrecht, David de Bourgogne (1456-1483), bâtard de Philippe le Bon.
L’étude des orfrois permet de le dater plus précisément du troisième quart du XVe siècle. La chasuble, comme son étole, est taillée dans un velours vénitien rouge ciselé, dont le décor végétal est inspiré du chardon et de la grenade. Cette dernière, élément essentiel du décor, est enserrée dans un compartiment polylobé. Ses tiges vigoureuses sont jointes entre elles par des branches chargées de feuilles et de fruits. Ce décor est obtenu par des effets de velours pourpre sertissant de lignes sombres les détails de la flore d’or. L’ensemble se détache sur un fond lamé d’or. Les peintres de cette époque, séduits par leurs couleurs et leur magnificence, ont vêtu leurs personnages de ces velours précieux, en ont tendu le fond des baldaquins et les ont déployés en courtines autour des scènes sacrées.
La chasuble est ornée d’orfrois brodés d’or et d’argent travaillés au couché, gaufrés, guipés, au glacis, et de soies polychromes au passé nuancé, peinture à l’aiguille, sur léger support de toile. Ils représentent des scènes de la Passion du Christ d’après des cartons de Memling, de son entourage ou sous son influence. Y figurent aussi les armoiries de Bourgogne associées à celles d’Utrecht, et la devise de David de Bourgogne Altijt Bereit (« Toujours prêt) »).
Il faut rappeler que c’est sous le signe de la peinture que la broderie liturgique se développe. Se substituant au pinceau du peintre, l’aiguille réalise des œuvres picturales étroitement apparentées aux enluminures et aux tableaux contemporains.
Détail. Orfrois (Bruges) : descente de croix, armoiries d’Utrecht et de Bourgogne. Velours façonné, Venise.